L'ennemi, Davide Cali, illustré par Serge Bloch
Voilà
bien un album remarquable écrit par Davide Cali et illustré par Serge
Bloch. Edité aux éditions Sarbacane, le titre en est L’ennemi.
La page de garde nous laisse voir des alignements de petits soldats, le fusil sur l’épaule.
Puis, un texte d’annonce : blanc sur fond noir : C’est la guerre
Puis
un générique , comme au cinéma. Enfin, dans une double page sur fond
rouge, on peut voir un petit théâtre, où, devant le rideau apparaît un
soldat, le narrateur.
A partir de là comme dans une tragédie classique (unité de temps, de
lieu et d’action), texte et dessins révèlent l’univers absurde d’un
petit soldat entraîné dans la guerre et obsédé par l’ennemi qui lui
fait face, un monstre évidemment.
Extraordinaire mise en scène dans la sobriété du trait qui fonctionne
avec un texte minimaliste, lui aussi, mais ô combien révélateur de la
réalité inquiétante d’un champ de bataille. Le héros de l’histoire est
plongé au plus profonds de la solitude de l’être, face à un ennemi, cet
autre moi inconnu de moi et paré de toutes les turpitudes d’un ennemi à
abattre.
Mais notre petit soldat prend conscience du jeu symétrique des
situations. Il s’aperçoit, au cours d’une incursion dans l’abri de
l’autre, et au vu des photos de famille placées là, que l’ennemi est
traversé par le même désir de paix et par les mêmes peurs. Alors, les
certitudes vacillent. Et la force symbolique de la dernière image où
chacun envoie un message à l’autre par le biais d’une bouteille est
vraiment magistrale.
Soutenu par Amnesty International, c’est un album à remettre entre toutes les mains à partir de 10 ans.